« Santeuil », situé dans le Vexin au pays des Véliocasses, eut à subir les mêmes vicissitudes que cette province.legionSous la domination romaine, ce territoire fut compris dans la Lyonnaise et, lorsque cette province fut subdivisée, il resta dans la Lyonnaise première d'abord, puis entra dans la Lyonnaise quatrième.
Sous les rois mérovingiens, cette partie de notre pays fit partie d'un royaume de Neustrie et fut le théâtre des luttes des rois de France avec les Normands à l'époque carolingienne.
Le Vexin, divisé en Vexin français et en Vexin normand eut encore, dans les 9ème, 10ème,et 11ème siècles à souffrir de guerres répétées pendant lesquelles la plupart des localités furent pillées, saccagées et incendiées.
Il est probable que Santeuil ne fut pas plus épargné que les autres villages. Aucun village du Vexin, du reste, n'échappa aux ravages des Normands.
Le Vexin français, qui était passé dans le domaine de la Couronne par le mariage d'Hugues de France, fils de Henri 1er, vit s'éteindre vers 1806, les anciens comtes du Vexin qu'ils avaient gouverné pendant environ quatre siècles.
En 1124 le Vexin français est cédé à Guillaume, fils de Henri 1er, roi d'Angleterre, à l'occasion de son mariage avec une sœur de la reine de France.
EN 1126, à la mort de Henri 1er, sa fille Mathilde cède le Vexin à la France, malgré l'opposition d'Etienne de Blois, successeur de Henri 1er.
Le 12ème siècle fut encore une époque malheureuse pour le Vexin. Ce n'était alors que combats, de village à village, pillages, incendies, puis luttes contre les Anglais alors les maîtres de la Normandie.
En 1167, Louis le Jeune ayant attaqué plusieurs villages du Vexin Normand, l'armée anglaise envahit le Vexin français et brûla Chars et probablement les localités voisines, entre autres Santeuil.
En 1198, il y eut de nouveaux pillages et incendies de villages. Après la signature d'une trêve en 1199, le Vexin jouit d'un peu de tranquillité, mais surtout lorsque Philippe Auguste eut chassé les Anglais de la Normandie.
En 1205, Jean de Gisors rendit à Philippe Auguste un aveu et dénombrement général de tous ses biens parmi lesquels nous remarquerons Chars et les localités voisines.
Vers le 13ème siècle, Santeuil semble appartenir à la famille de Maudétour. Plusieurs membres de cette famille puissante ont porté en effet le nom de Santeuil. C'est d'abord Adélaïde de Santeuil, fille de Thibault de Maudétour. Puis vint Gauthier de Santeuil qui, selon toute vraisemblance, repose dans l'église de Santeuil, sous la pierre tombale sur laquelle est représenté un chevalier vêtu d'une cotte de mailles et ayant un écu portant une bande chargée de merlettes (cette bande appartenant à la famille de Maudétour). Ensuite vint Jean de Santeuil.
En 1237, Guillaume de Mauvoisin, seigneur de Fontenay, donne son approbation pour la cession des dîmes de Santeuil fait à l'abbaye cistercienne de Bon Port, près de Pont de l'Arche.
Pendant la guerre de Cent Ans, le Vexin français eut beaucoup à souffrir des exactions de Charles le Mauvais, Comte d'Evreux, qui le ravagea à plusieurs reprises.
Vers la fin du 14ème siècle la plus grande partie du territoire de Santeuil était sous la dépendance d'Amaury d'Orgemont. En 1380, Gaste de Bouconvilliers baille aveu, sous son scel, d'un fief qu'il tient d'Amaury d'Orgemont. La même année, Pierre d'Aumont le Hutin possède également un fief sur Santeuil
Le 3 février 1392, Philipot de Taverny, escuyer, rend aveu et dénombrement à Amaury d'Orgemont, Seigneur de Marines et Chantilly, pour un fief sis également à Santeuil.
Vers 1357, la famille des Sires d'Aumont, originaire du Flandre, fait son apparition dans notre contrée. Cette même année Régaut de Trie, bit Billehaut, vend la terre de Chars à Pierre 1er d'Aumont.
A Pierre 1er d'Aumont succède Pierre II Le Hutin, nommé porte oriflamme du roi. Pierre Le Hutin, comme il est dit plus haut, possédait un fief à Santeuil se composant en 15 arpents de terre (1 arpent = ½ hectare), 40 arpents de bois, 2 arpents de prés, des censives (1) et avoinages et grains sur des maisons et terres. Il est probable que ce Pierre Le Hutin et ses successeurs réunirent la plus grande partie de la Seigneurie de Santeuil.
Pierre III d'Aumont lui succède en 1409. Il est également porte oriflamme du roi. Puis vint Jean IV Le Hutin, échanson (2) du roi, qui embrassa la cause du Duc de Bourgogne et fût tué à la bataille d'Hazincourt en 1415.
Ensuite se succèdent Jacques d'Aumont, conseilleur et chambellan de Philippe Le Bon ; Pierre d'Aumont, fils du précédent et enfin Ferry d'Aumont dont la pierre tombale de l'église de Méru rappelle les titres. D'après l'inscription de cette pierre, les Sires d'Aumont étaient seigneurs : d'Aumont, Berthecourt, Villiers sur Thères, Amblainville, Enonville, Berville, Boulène, Agnicourt, Lardières, Corbeilcerf, Andeville, Crèvecœur, Soubriant, Lacy, Chars, Le Bouccot, Moussy le Perreux, Santeuil, Vignacourt, Courcelle sur Viosne, Jouy la Fontaine. Ils possédaient le fief de Clercelles à Pontoise et étaient seigneurs châtelains de Méru.
Ferry d'Aumont ne laissa, à sa mort, que deux filles, l'une épousé Louis de Rouville qui devint baron de Chars.
A partir de cette époque, Santeuil paraît être rattaché entièrement à la Seigneurie de Marines. Il n'appartient plus aux barons de Chars car il n'en est plus fait mention dans l'énumération de leurs titres.
A l'époque des guerres de religion notre contrée tenait pour la Ligue : Il est probable qu'elle eut à souffrir du pillage des soldats.
En 1608, et conformément à une lettre de terrier délivrée par Meri IV le 8 mars 1608, il fut dressé par Maîtres Jehan Moreau et Jacques François notaires à Pontoise, un registre terrier en faveur de Messire Nicolas Brûlant, chevalier, seigneur de Sillery, Marines, Le Rosnel, Génicourt, Santheuil, Gérocourt, Livilliers, Vicomte de Puiseux, chancelier de France et de Navarre.
Par contrat du 14 mai 1623, le seigneur de Marines déclare qu'il réunit à sa terre de Santheuil le fief de Dampont.
Plus tard, le maréchal de Crégny acheta quelques terres de la seigneurie et réunit à la terre de Chars à peu près toutes les seigneuries qui en étaient sorties autrefois.
En 1706 apparaît comme baron de Chars et seigneur de nombreuses localités parmi lesquelles se trouve Santeuil, Monsieur de Rivie, ancien maréchal-ferrant anobli par Louvois pour lui avoir guéri un cheval auquel il tenait beaucoup ! Monsieur de Rivie obtint de Louvois une fourniture de chevaux pour l'armée et gagna ainsi beaucoup d'argent. Il acheta alors les héritages de la Maréchale de Crégny et de divers autres seigneurs. En 1715 Monsieur de Rivie fit dresser un terrier pour sa seigneurie de Santeuil. Ce terrier fut tenu au courant par son successeur.
Monsieur de Rivie ne se maria pas. Il laissa tous ses biens à son neveu Etienne Rivie de Riquebourg dont la fille, Yvonnette de Rivie de Riquebourg, épousa le marquis de Gouy d'Arcy. Par suite de ce mariage, le marquis Louis de Gouy d'Arcy devint baron de Chars et seigneur des nombreuses localités parmi lesquelles Santeuil. Il était maréchal des camps et armées du roi et chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis. Il habitait Marines et mourut avant la Révolution.
Son fils Marthe de Gouy délaissa Marines et se fit présenter aux Etats de 1789 par Charles de Lameth. Il fut député de Saint Domingue où il avait de grandes propriétés. Monsieur de Gouy fut guillotiné peu de temps avant Thermidor. Ce fut le dernier seigneur de la contrée. La famille de Gouy n'est pas éteinte mais son château de Marines est vendu en 1899.
La famille de Gouy possédait à Santeuil un rendez-vous de chasse connu dans le village sous le nom de château, qu'il avait acheté d'un sieur Oursel, bourgeois de Paris. Cette construction existait déjà au temps de Henri IV. Il en est fait mention au terrier de 1608 !
C'est cette maison très bien exposée et entourée de jardins spacieux que le Conseil Municipal de Santeuil eut l'heureuse idée d'acheter le 21 mai 1837 pour y installer école et mairie ainsi que le presbytère et ce pour la somme de 2200 F.
(1) censives : terres concédées à des serfs affranchis contre redevance au cens .
(2) échanson : officier qui servait à boire à un grand personnage.
Quelques mots sur le hameau de VALLIERE : Ce hameau avait toujours fait partie de SANTEUIL.
A l'époque de la Révolution, vers 1791, par une décision prise par un contrôleur des tailles, les impôts de Vallière furent réunis à ceux de la commune du Perchay.
Par une pétition en date du 10 janvier 1825, adressée au maire de Santeuil, pour être transmise au Gouvernement, les habitants de Vallière demandent leur réintégration à la commune de Santeuil.
Par délibération du 2 juillet 1835, le Conseil Municipal approuve cette pétition.
Par ordonnance royale du 14 décembre 1836, satisfaction est donnée aux habitants de Vallière et leur territoire est distrait de la commune du Perchay et rattaché à celle du Santeuil.